exTRAIT du jour (1) – ma mère
« exTRAIT du jour » est une nouvelle série
qui débute aujourd’hui.
Faut surtout pas se fier au titre — ces billets
ne seront que sporadiques.
Qu’il s’agisse d’extraits de livres, de chansons, de poèmes ou, dans le cas présent, de notes personnelles, j’espère qu’ils sauront provoquer des réflexions et, bien sûr, des commentaires!
Voici donc ce que j’ai trouvé ce matin — au cours de ma
purge-papier — dans un de mes vieux cahiers…
Ma mère cuisinait des beignes, des mokas, du sucre à la crème, et des biscuits aux pépites de chocolat ; des confitures aux fraises, aux framboises, aux bleuets, et aux mûres lorsqu’il y en avait ; de la compote, des tartes, et de la gelée aux pommes ; des tartes au sucre, à la ferlouche, et au citron couvertes de meringue ; du pain, des tourtières, des grosses dindes bourrées de farce ; du ketchup vert, du ketchup rouge, des betteraves sucrées, et des p’tits cornichons salés ; des patates pilées, des patates frites, des patates au four ; de la purée de navet, du chou bouilli, des carottes en allumettes et des carottes en rondelles ; du steak, des chops de porc frais ; du pâté chinois, du macaroni à la viande, du ragoût de pattes de cochon ; du jambon badigeonné de sauce moutarde et piqué partout de clous de girofle.
Ma mère faisait du ménage, du repassage, du reprisage, et du lavage à la main étendu dehors en plein hiver ; elle peinturait, décapait, tondait, et plantait des fleurs en avant et des tomates en arrière ; elle sciait du bois, pelletait la neige, et pelletait du charbon pour chauffer la fournaise.
Ma mère marchait des milles par jour, aller-retour,
beau temps mauvais temps, advienne que pourra.
Ma mère était une femme dépareillée.
Ma mère ne m’a jamais bercée.